dimanche 10 mars 2019

GRIGRI EX-VOTO ET FÉTICHE


« L’art s’insère à mi-chemin entre la connaissance scientifique et la pensée mythique ou magique; car tout le monde sait que l’artiste tient à la fois du savant et du bricoleur : avec des moyens artisanaux, il confectionne un objet matériel qui est en même temps un objet de connaissance. »
Claude Lévy-Strauss, La pensée sauvage, 1962.



Le fétiche est un objet fabriqué auquel on attribue des vertus et des pouvoirs magiques dans certaines sociétés primitives.

un objet porteur de votre histoire,de vos rêves,de vos pensées ,de vos souvenirs ,fabriqué avec les matériaux de votre environnement .

Il est investi d’un pouvoir particulier, il a une destination précise.
Il est proche du corps : on peut le tenir ou le porter sur soi.
Il est unique, singulier, et donc jamais vu auparavant.
Il est solide et organisé.
Il est archaïque, primitif mais travaillé, riche plastiquement, suggestif.
Vous disposez de moyens très rudimentaires pour travailler.




L'ex-voto remplit une double mission : exprimer un voeu à travers un objet (assorti ou non d'un message), lequel est ensuite adressé en offrande à une puissance spirituelle susceptible de réaliser ce souhait ; ou bien remercier, toujours à travers un objet, la divinité que l'on croit à l'origine d'une grâce accordée, d'une guérison obtenue, d'un miracle survenu. 
https://www.telerama.fr/sortir/au-musee-de-la-poste-l-ex-voto-s-offre-une-cure-de-modernite,120187.php


Justine & Cow

Justine & Cow déconstruit et détourne les objets jusques et y compris ses propres créations. Elle s'approprie et brode les matières ; elle enlumine les tissus, raccommode notre passé comme pour saisir - piéger ? - nos trahisons intimes et collectives
Merci Ex Voto Justine & Cow
http://www.justineandcow.com/


Guy Veloso 
Artiste photographe Brésilien


invitation

MORTALHAS , 2013. (c)   Guy Veloso
Ce sont d'authentiques costumes rituels de groupes de pénitents du Sertão (Ceará, Bahia, Sergipe et Pernambuco), remis à l'artiste par les "Decuriões", les chefs de ces confréries (beaucoup d'entre eux secrets), transférés dans une galerie d'art ou un musée.
Les manteaux à la réception n'ont jamais été lavés. Ils ont toujours le parfum et l'egrégora des religieux qui l'utilisaient. Il est à noter que plusieurs d'entre eux ont été utilisés pendant des années dans des rituels d'auto-flagellation. Les icônes présentes (croix, cœurs, orbis, soleils, roses, etc.) permettent d’étudier les différences symboliques entre différents groupes et régions.
Cette œuvre de Guy Veloso fait également référence à la canopée des navires venus du Brésil il y a un peu plus de 500 ans (obligeant par la force) à apporter la foi chrétienne; ainsi que des tatouages ​​d'esclaves qui perdaient leur peau sur les symboles de leurs origines ou les marques de leurs bourreaux (certains pénitents sont situés dans les terres restantes de quilombos).

Il existe également une identification claire à l'héraldique médiévale, mais d'une manière tout à fait différente des livres d'histoire occidentaux. Alors que les symboles européens font allusion aux actes héroïques et aux insignes de la royauté, toujours constitués de fer brillant et de métaux précieux, dans le cas de la "sertaneja héraldique", au contraire, bien que pensés et étudiés par ses créateurs (la plupart illettrés), toujours en utilisant son imagerie géographique-religieuse, il y a une aura mystique, humble et non ostentatoire, mise en évidence par le matériau (tissus simples et usés par le temps) de la plupart des objets. Même dans ce cas, si ce n'est dans la richesse, l'esthétique de ce dernier correspond au premier.
RAPHAELLE DE GROOT
Porter mon attention sur ce qui n’est pas visible comme tel mais qui participe de l’expérience du monde, la constitue de l’intérieur. Faire basculer le point de vue pour considérer ce qui, de cette expérience, demeurerait autrement dans l’ombre, imperceptible. Cette recherche qui interroge le regard et les perceptions est au centre de mon approche. Elle m’amène à sonder l’envers de tissus sociaux  — côtés cachés, oubliés, délaissés ou négligés de diverses réalités. Développés dans des contextes variés à partir d’échanges et de collaborations, mes projets de création impliquent la participation de communautés et d’individus de différents milieux dans la production de traces et de récits. Mon travail s’effectue dans la mobilité et la rencontre, le déplacement et la déprise des repères, avec des moyens qui relèvent de l’action, du geste, de la présence, de l’écoute, de l’investigation et de la collecte de données de toutes sortes. Dans cette démarche peuvent intervenir le dessin, la photographie, la vidéo, le texte ainsi que l’agencement et l’assemblage d’objets et de documents. La performance supporte ou accompagne en marge cette pratique, me permettant d'expérimenter des états d'attention et d'engagement liés aux  terrains et processus  explorés. 
Subsistances 2017, moyen métrage co-réalisé avec Maxime Girard
Etude pour venise 2013 impression numérique
MARIE ANGE GUILLEMINOT

Marie-Ange Guilleminot est une plasticienne, sculptrice, vidéaste, performeuse née à Saint-Germain-en-Laye en 1960. Elle vit et travaille à Paris, née à Saint Germain en Laye en 1960






mes poupées 1994

Dans sa vidéo Mes poupées, elle caresse inlassablement un sachet de tissu calé entre ses jambes, avec douceur, ambivalence. L’absence de visage, anonyme le corps et rend possible l’identification. Référence au monde de l’enfance, cette «poupée» manipulée avec sensualité suscite trouble, désir et culpabilité chez le regardeur-voyeur. Réalisées avec des collants en lycra emplis de sables ou de graines, couvertes d’un talc protecteur, les poupées existent également en tant qu’objets offerts à la manipulation de l’utilisateur, supports de la projection de ses désirs.


http://creative.arte.tv/fr/episode/marie-ange-guilleminot-cree-des-objets-malleables-et-transformables-lenvi



culpture Cauris (1997), un sac né d'une paire de collant, transformable au gré des objets qu'il contient et des corps qu'il épouse. 

https://www.youtube.com/watch?v=Hqp-e0tppNA

Le travail de cette artiste est une lutte contre l’ancrage des formes et une recherche constante de l’obstacle au support. Elle multiplie les médiums (différents moyens de communications visuels) comme la sculpture, la vidéo et la performance. A partir d’une œuvre existante en objet elle crée une action ou une vidéo où elle met en scène la relation entre son corps et ces ob jets. Son œuvres les poupées en 1993 illustre bien se travail. Elle manipule des formes molles faites de nylon dans sa vidéo « Mes poupées » ou les fait manipuler à son public dont elle tire une série de photographie. La transformation est le processus qui relie toutes les pièces de Marie-Ange Guilleminot, chacune nécessite d’être manipulé. Ainsi l’artiste utilise les objets qu’elle a créés ou transformés comme lien entre l’œuvre, l’artiste et le spectateur.

Marie-Ange Guilleminot exprime la vulnérabilité des corps et des êtres, la fragilité et l’ambiguïté inhérentes à toute relation. Le corps de l’artiste, «utilisé comme matière brute», et le vêtement, à la fois double peau, chrysalide fragile, s’exposent et nous exposent à une relation troublante et transgressive : celle d’un échange profondément intime, tactile. L’artiste met son corps en jeu, l’offre au regard, au geste impudique, troublé ou embarrassé du regardeur invité à établir un échange. De cette double relation de confiance et d’abandon, de cet usage du corps comme vecteur de communication vers l’Autre, émane un érotisme qui renvoie chacun à sa sexualité, à ses propres limites. Marie-Ange Guilleminot cultive l’ambiguïté et soulève le voile de l’intime, de l’interdit.
AGANETHA DYCK
Aganetha Dyck est une plasticienne née en 1937 à Winnipeg, dans le Manitoba au Canada. Sans n’avoir jamais fréquenté d’école d’art, Aganetha Dyck se lance dans la production artistique de manière tardive, jusque là empêchée par ses obligations familiales. Sa première exposition individuelle a lieu en 1979.
Le travail d’Aganetha Dyck consiste en la réappropriation d’objets du quotidien. On y trouve des poupées, des objets de décoration, des vêtements et des équipements de sport. Aganetha Dyck les métamorphose en sculptures en recouvrant ceux-ci de cire ou d’alvéoles construites par les abeilles. On peut voir dans cette démarche une réflexion sur le rôle de femme au foyer qui a été le sien pendant de nombreuses années tout comme une réflexion plus générale sur notre société.
Le thème du foyer est  présent à plusieurs niveaux dans l’oeuvre d’Aganetha Dyck. Tout d’abord la place qu’elle donne aux abeilles n’est pas anodine. En effet, on considère communément que l’abeille travaille pour le seul bien de sa ruche, ne ménageant pas ses efforts, aussi efficace que joyeuse à la tâche. On retrouve dans ces qualités celles qui sont attendues d’une femme au foyer accomplie. L’idée du foyer est aussi présente dans le choix des objets sur lesquels elle travaille, en particulier les objets en porcelaine ou les lampes, qui n’ont pas d’autre fonction que de décorer un intérieur. Ces objets sont autant de symboles du confort et du bon goût au sens petit bourgeois du terme. Mais ces objets, dans un mouvement d’inversion, deviennent eux-mêmes le support d’habitations, cette fois pour les abeilles. La maison, telle une poupée gigogne, contient elle-même une autre demeure.

Aganetha Dyck, The MMasked Ball, 2008, Photo credit: Peter Dyck
The MMasked Ball, 2008
PATRICK SAYTOUR

" Depluis le milieu des années 1960, Patrick Saytour développe une œuvre caustique et critique qui déplace les données de la peinture et celles de la sculpture sur un terrain où le rapport à la création est constamment remis en cause.
Ses travaux se construisent à partir d'une grande diversité de matériaux et d'objets, apparemment banals ou insignifiants, qu'il récupère, amasse et conserve parfois très longtemps avant de leur trouver un emploi. Travaillés par des gestes familliers, domestiques sans savoir-faire particulier (comme plier, trouer, découper), les toiles cirées, tissus imprimés, filets de pêche, fourrure synthétique et autres chutes de bois ou de cartons acquièrent une qualité particulière au sein des suites ou ensembles qui structurent sa pratique."

"Le pliage, l'enroulement de la toile, le quadrillage, l'empreinte n'ont pour nous aucun intérêt en tant qu'images percues. Nous travaillons sur des schémas. Chaque pièce est un moment de notre travail et n'a de valeur que comme repère matérialisé de notre réflexion."










Matthieu Manche
né en 1969 vit et travaille entre Tokyo et Paris


                                                                "knick knack" 1996
Dans le travail de Matthieu Manche, le corps n’est pas simplement un support privilégié mais il est également le lieu et la victime éventuels de redoutables manipulations. Après avoir évoqué, lors de travaux précédents, des contorsions génétiques plus ou moins monstrueuses (Football team, 1994) et créé des prothèses (Untitled, 1994) dont le rajout au corps était savamment grotesque, l’artiste intervient ici en amont de toutes ces anomalies, en présentant une nouvelle installation intitulée Knick-Knacks.
Des objets chromés et en silicone rose sont disposés sur des tables en résine ; leur apparente agressivité est atténuée par une non-fonctionnalité évidente, tout danger étant ainsi scrupuleusement évité. Le spectateur, inquiété par la présence de ces objets au rôle indécis, doit faire la part du jeu et de l’ironie. Matthieu Manche, ce manipulateur, ce chirurgien des sens, titille l’intellect quant à la fonction de ces instruments issus de son univers personnel.

"double rivage" 1998